Histoire de l'Ile Maurice

Histoire de l'Ile Maurice

Dès l’Antiquité les progrès de la navigation poussent les hommes à s’aventurer hors de la Méditerranée. Tandis que l’océan Atlantique apparaît comme un obstacle pour les marins (ouvert du nord au sud, la traversée représente plusieurs milliers de kilomètres avant de toucher terre), l’océan Indien va rapidement devenir un haut lieu d’échange entre les peuples.

Plus petit que l’océan Atlantique il est constitué d’isthmes et de détroits et est bordé d’ouest en est et au nord par des côtes et des ensembles îliens permettant aux embarcations de faire escale. De plus l’alternance des moussons et l’absence relative de tempêtes favorisèrent des traversées régulières et sûres pour les navires à voiles.

Des échanges entre certains peuples méditerranéens, d’Afrique de l’est et du sud-est de l’Asie se développent alors.

ancienne carte maurice

Deux routes maritimes se dessinent

- au nord entre l’Inde et l’Ethiopie
- un axe méridien s’établit de la péninsule arabo-musulmane, le long de la corne de l’Afrique en passant par Socotra

Des navigateurs indonésiens se rendirent sur les rivages de l’Afrique de l’est et de Madagascar, cependant c’est depuis le nord que l’océan Indien s’est éveillé à la vie maritime. Les pionniers de la navigation furent les peuples de la péninsule arabique.

L’Egypte va devenir le point de départ de grandes expéditions maritimes. Les égyptiens vont explorer le pays de Pount (actuelle Somalie) et les rives de la mer Rouge. Bien que la navigation y soit difficile du fait du manque de profondeur, des massifs coralliens et des rivages marécageux. A cette époque la mer Rouge et l’océan Indien sont considérés comme une seule et même mer : la mer Erythrée.

Vers 600 avant J.C le pharaon Necao entreprend d’explorer les côtes orientales de l’Afrique en partant de la mer Rouge. Il confie cette expédition à des Phéniciens connu pour être un peuple d’habiles navigateurs et de commerçants. En effet, cette expédition fut rendue possible grâce à leurs vaisseaux et à leur technique de navigation améliorés : étanchéification des embarcations avec du “bitume”, renforcement des carènes par une carlingue. Navigation nocturne à la Petite Ourse, pratique du cabotage.

Les Phéniciens obtinrent ainsi des vaisseaux plus longs, plus rapides et de plus gros tonnages. Ils purent pratiquer la navigation hauturière par une science approfondie des vents et des courants.
C’est ainsi qu’ils longèrent les côtes puis contournèrent l’Afrique 2 000 ans avant Vasco de Gama. L’expédition dura 3 ans et déboucha en Méditerranée par les “Colonnes d’Héraclès” (détroit de Gibraltar). Hérodote consigne alors ce fait incroyable pour les peuples de l’Antiquité : ils rapportèrent qu’ayant contourné la Libye (nord-ouest africain) ils eurent alors le soleil à leur droite. La première circumnavigation venait d’être accomplie.

C’est ainsi que certains historiens prêtent la découverte de l’île Maurice aux Phéniciens, qui outre la fondation de multiples comptoirs en mer Méditerranée entreprirent de lointains voyages de découverte au-delà des mondes connus de l’Antiquité.

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La période Arabe

Dès le VIIIème siècle les Arabes étendent leur puissance commerciale dans l’océan Indien. Ils seront les premiers à atteindre la Chine. A cette époque le vaste et puissant empire arabo-islamique s’étend de l’Espagne à l’Indus et repose principalement sur le commerce.

Au cours des premières années de cette conquête Arabe le commerce décline dans l’océan Indien. Il va reprendre un nouvel essor sous la dynastie des premiers califes Abassides qui soucieux de la prospérité de leur empire vont donner la priorité au trafic maritime en multipliant les échanges.

Entre VIIIème et le XIème siècles, après la conquête de l’Inde, les Arabes vont développer des relations commerciales avec les populations du littoral africain de l’océan Indien et établissent des comptoirs à Zanzibar, Mogadiscio, Kismayou, Mombasa... Ils prennent pied également dans l’archipel des Comores et sur les rives Madagascar. Leurs comptoirs sont alors concurrents et indépendants les uns des autres. On y échange de l’or, de l’argent, des esclaves, des animaux exotiques... contre des tissus, faïences et verroteries fabriqués dans le monde arabe, en Inde ou en Chine.

A partir des Comores et de Madagascar, les Arabes installent les premiers établissements commerciaux aux Seychelles et Mascareignes jusqu’alors restées désertes. Les îles figurent sur de nombreuses cartes musulmanes, où selon les époques elles portent différents noms arabes. Ainsi pour l’île Maurice on trouve les noms suivants : Dina Robin, Dina Arobin, Dina Novare (Dina viendrait du sanskrit Dwipa qui signifie île).
L’île Maurice aurait servi de refuge aux pirates arabes qui avaient coutume dit-on d’y cacher leurs trésors.

Toutes ces expéditions dans l’océan Indien ont été possibles grâce aux connaissances techniques des Arabes en matière de navigation et surtout à leur expérience du cycle de la mousson (de l’arabe mousin, “saison”). Ils utilisaient la mousson du sud-est pour naviguer vers l’Inde et la Chine et la mousson du nord-est ramenait les bateaux vers l’Afrique.
De plus ils se servaient de la boussole (découverte chinoise) mais aussi de l’astrolabe dont ils étaient les inventeurs (précurseur du sextant) qui leur indiquait la latitude, et de la navigation astronomique pour connaître la longitude.

La légèreté de leurs embarcations et l’usage de la voile latine leur donnaient de l’aisance pour naviguer contre le vent. Toutes ces connaissances leur assurèrent une parfaite maîtrise de l’océan Indien.

Les comptoirs Arabes servaient d’intermédiaire entre la Chine, l’Afrique et l’Europe. Les arabes établis sur les côtes de l’Afrique orientale, acheminaient vers la Chine ivoires et esclaves africains et, vers l’Europe épices, or, ivoire d’Afrique et porcelaines chinoises. Toutes ces richesses attisèrent la curiosité et la convoitise des chinois et des européens qui souhaitaient se passer de leurs intermédiaires arabes.
Du XIIIème siècle au XVème siècle les comptoirs arabes dans l’océan Indien sont à leur apogée.

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La période Portugaise

En 1494 le traité de Tordesillas va laisser le champ libre aux portugais en Afrique et dans l’océan Indien. Les portugais vont détourner à leur profit le commerce des épices, de l’or, de l’ivoire et des esclaves. Cela va porter un coup dur au commerce arabe et accélérer la décadence des Etats musulmans de la méditerranée.
Les portugais ne veulent plus dépendre des arabes pour s’approvisionner en produits exotiques.

Dès 1500 ils entreprennent la conquête de tous les comptoirs arabes de la côte africaine de l’océan Indien. Une prise de contrôle qui se fera par la force.

Ainsi dès le début du XVIème siècle les portugais prennent pied aux Mascareignes. Les historiens divergent sur le nom du découvreur et la date de l’évènement :
- Diogo Dias en 1500
- Domingos Fernandez en 1511
- Pero Mascahenras en 1512

L’île de la Réunion sera nommée “Santa Apolonia”, l’île Maurice “Cirné” (sens) et Rodrigues porte le nom de son découvreur Diogo Rodriguez.

Tout comme pour les arabes l’île Maurice ne semble pas beaucoup intéresser les portugais qui s’en serviront uniquement pour y faire escale. Ils ne laissèrent trace de leur passage qu’à travers les noms qu’ils donnèrent à l’archipel et aux îles.

carte maurice

La période Hollandaise

C’est en 1598 au cours d’une tempête qu’une flottille hollandaise de la Compagnie des Indes Néerlandaise vint s’abriter dans une baie au sud de l’île Maurice. L’Amiral Wybrandt van Warwyck qui commandait ces bateaux débarqua avec ses hommes et vit que l’île offrait de larges réserves d’eau, de conséquentes ressources en nourriture et de magnifiques bois d’ébène. Ils décidèrent d’établir un comptoir dans la baie qui leur servit d’abris et de faire de l’île une escale pour ravitailler les bateaux de la Compagnie des Indes Néerlandaise. Grand Port vit alors le jour et le prénom du Prince de Nassau fut donné à l’île qui s’appela ainsi Mauritius.

Les débuts de la colonie furent très lents, les hollandais ayant centré tous leurs intérêts sur Java, principal producteur d’épices.

Ce n’est qu’en 1638 qu’ils installèrent une première colonie à Grand Port et l’exploitation du bois d’ébène en fut le principal mobile. Quelque année plus tard une seconde colonie fut installée à Flacq. Mais les conditions de ces colonisations furent difficiles : épidémies, intempéries, invasions de rats, de sauterelles qui détruisaient les récoltes. Découragés ces premiers colons quittèrent l’île en 1710.